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De l’équipement de plongée à la rescousse

Montréal, le 4 juin 2020 – La Fondation de l’Hôpital général de Montréal, en collaboration avec l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, a lancé une initiative de recherche novatrice visant à adapter des masques de plongée, une alternative réutilisable aux masques N95.


Parmi les nombreux enjeux auxquels les travailleurs de la santé font face en cette pandémie de COVID-19, la disponibilité des équipements de protection individuelle (EPI) se place au premier rang. « Depuis le début de la crise, toutes les zones rouges, sans exception, ont été préoccupées par la disponibilité des EPI », indique le Dr Dan Deckelbaum, chirurgien traumatologue et intensiviste à l’Hôpital général de Montréal (HGM).

À la suite d’une rencontre à l’hôpital où le spectre d’une pénurie de masques N95 a été évoqué, et après avoir vu dans l’actualité que des masques de plongée avaient été utilisés comme solution de remplacement aux N95 en Italie et en Belgique, le Dr Deckelbaum a contacté un ami impliqué dans le monde de la plongée et ils se sont rendus chez un fournisseur spécialisé. Les masques de plongée sont conçus pour éviter toute infiltration d’eau lorsque la personne qui le porte se trouve submergée – le Dr Deckelbaum a donc réalisé quelques essais informels afin de vérifier l’étanchéité du masque à l’air en plaçant en gant sur l’ouverture du tuba. Un premier test réussi : aucune entrée d’air n’a été détectée, mais un défi encore plus grand restait à venir.

Soutenir le projet de transformation des masques de plongée

« Nous devions convaincre tout le monde à l’hôpital que les masques de plongée représentaient un investissement judicieux, explique le Dr Deckelbaum. L’approbation des projets de recherche requiert habituellement un certain temps, mais cette fois-ci, nous devions agir sans tarder en raison de l’évolution rapide de la crise sanitaire. Heureusement, un soutien financier de la Fondation de l’Hôpital général de Montréal nous a permis d’acheter une quantité importante de masques de plongée. »

Toutefois, avant que les masques de plongée puissent être déployés au sein de l’hôpital, ceux-ci doivent être adaptés et testés. « En aucun cas nous ne les utiliserions tels quels, précise le Dr Deckelbaum, qui collabore avec le comité multidisciplinaire sur les EPI de rechange de l’HGM – formé de médecins, d’infirmières, d’inhalothérapeutes, de spécialistes en contrôle des infections ainsi que de représentants de l’administration de l’hôpital – afin d’évaluer les masques dans le cadre du processus d’approbation.

« Tout d’abord, il fallait modifier les masques pour y fixer un filtre en ajoutant un raccord inséré dans l’ouverture du tuba et rejoignant un filtre du même type que celui utilisé dans les masques N95. » Au départ, l’équipe a essayé l’impression 3D afin de créer le raccord, mais cette option a été écartée en raison de son niveau de fiabilité variable. Heureusement, le Dr Tarek Razek, chef du département de traumatologie à l’HGM, a trouvé la solution auprès d’un collègue danois, le Dr Michael Mølmer. Alors que tous les deux discutaient des problématiques rencontrées en raison de la COVID et des EPI, ils se sont rendus compte qu’ils suivaient parallèlement la même piste : trouver une solution alternative en utilisant les masques de plongée. Le Dr Mølmer a donc introduit l’équipe montréalaise à Lasse G. Staal, Pdg d’Addifab, ce qui a permis au Dr Deckelbaum de faire l’acquisition de connecteurs adéquats fabriqués au Danemark. Le projet a également fait appel à l’expertise de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, dirigé par le scientifique en chef de l’établissement, Bruce Mazer, un spécialiste des maladies respiratoires, en plus de faire intervenir des professeurs en génie biomédical et en plasturgie de McGill. Somme toute, un fantastique effort de collaboration!

Dr Dan Deckelbaum

La prochaine étape visait à garantir la fiabilité des masques. « Nous devions nous assurer du bon fonctionnement des masques, c’est pourquoi nous avons procédé à une série de tests afin de valider l’efficacité avec laquelle le masque filtre les particules qui pourraient infecter l’utilisateur, dit la Dre Ewa Rajda, spécialiste des maladies infectieuses agissant à titre d’agente de prévention et de contrôle des infections à l’HGM. Nous avons conclu que le masque présentait une efficacité équivalente à celle d’un N95. » De plus, l’essai d’ajustement est personnalisé : « Chaque travailleur de la santé appelé à utiliser l’un de ces masques doit se soumettre à un essai d’ajustement pour veiller à ce qu’il lui aille parfaitement », dit-elle.

De tels essais ont été réalisés sur une cinquantaine de professionnels de la santé et le taux de réussite du masque est exceptionnellement élevé. « Plusieurs professionnels pour qui aucun autre masque ne fonctionnait arrivent à porter celui-ci, affirme le Dr Deckelbaum. Il plait à la vaste majorité d’entre eux. Si vous portez un N95 plus que 20 minutes, des plaies de pression douloureuses peuvent apparaître sur l’arête du nez. La pièce du masque de plongée qui touche le visage est faite dans un matériau beaucoup plus souple et confortable que le N95, et donc les gens sont en général très satisfaits. La communication quand on porte le masque de plongée est plus laborieuse qu’avec le N95, mais il suffit de parler clairement et plus fort pour régler le problème. »

Contrairement aux N95, les masques de plongée peuvent être réutilisés. La Dre Rajda contribue à établir un processus sûr et efficace pour le nettoyage et la désinfection des masques, tout en veillant à ce que cela ne réduise pas leur efficacité. Les résultats sont très encourageants. « Nous avons répété l’essai d’ajustement après 30 rondes de nettoyage et de désinfection, dit-elle, et l’ajustement tient toujours. En outre, la Dre Rajda a conçu un programme de formation pour s’assurer que les personnes mettent le masque et l’enlèvent correctement. « La façon de retirer le masque est particulièrement importante, indique-t-elle, car il peut être contaminé. »

« Tout le monde commence à réaliser que la COVID-19 durera plus que quelques mois, affirme le Dr Deckelbaum. Il y aura une phase chronique. Et lorsque nous entrerons dans cette phase, il vaudra mieux avoir des EPI réutilisables que jetables – un autre avantage du masque de plongée. »

Comme le fait remarquer le Dr Deckelbaum, la présence même des masques de plongée a eu un effet positif. « Le fait de savoir que nous avons un stock d’EPI d’urgence a largement contribué à apaiser l’anxiété des travailleurs de la santé. C’est dire que le masque atteint deux objectifs importants : d’une part, il accroît la sécurité du personnel et des patients de l’hôpital en réduisant les risques de transmission et, d’autre part, il diminue le niveau de stress au sein du personnel. »

Les masques de plongée constituent donc un bon plan d’urgence. « Nous sommes très reconnaissants envers la Fondation de l’HGM qui a rapidement compris la situation et fait preuve de vision en nous permettant de réaliser l’ensemble de la recherche, des essais et des modifications nécessaires pour créer une solution de rechange viable et réutilisable aux masques N95 » souligne le Dr Deckelbaum.

« La FHGM remercie la Fondation Hewitt, le joueur des Canadiens de Montréal Shea Weber, la Fondation familiale Tsiolis ainsi que la Fondation Mitch et Anne-Marie Garber, grâce à qui ce projet de recherche a été rendu possible. Un tel soutien à la recherche est essentiel afin de permettre à nos équipes médicales de travailler sur des concepts novateurs qui auront un impact certain sur les soins de santé », déclare Jean-Guy Gourdeau, président et chef de la direction de la FHGM.

À propos de la Fondation de l’Hôpital général de Montréal
Depuis 1973, la Fondation de l’Hôpital général de Montréal (FHGM) joue un rôle clé au sein de l’Hôpital général de Montréal et du Centre universitaires de santé McGill (CUSM) en tant que fier commanditaire d’importants projets de recherche médicale et de développement technologique. La FHGM gère maintenant le troisième fonds en importance dans le domaine de la santé au Québec, avec un actif se chiffrant à 160 millions de dollars. Conformément à la volonté des donateurs, les fonds amassés par la FHGM servent à appuyer l’excellence des soins vitaux offerts aux patients, de nombreux programmes de recherche, en plus de doter l’hôpital d’équipements de pointe et de soutenir les équipes médicales dans leurs besoins prioritaires.

Contact médias:
Sylvie Riendeau
Vice-présidente, Communications et marketing
Fondation de l’Hôpital général de Montréal
sriendeau@codevie.ca
Tel : 1.514.575.1591

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